LE PROJET EDUCATIF DE L’ASSOCIATION LA MARELLE ENCHANTÉE
INTRODUCTION :
Le projet éducatif de la Marelle Enchantée est un support de travail qui harmonise la pratique professionnelle et lui donne sens. C’est une réflexion menée par toute l’équipe et validée par le conseil d’administration.
Accueillir un enfant et sa famille doit être plus qu’un projet ; c’est une mission majeure qui se réfléchit à tout moment. Un grand travail de préparation et de suivi est donc indispensable pour penser cet accueil. En effet, la crèche est un lieu de rencontres entre les enfants, les familles, les professionnels. Pour être profond et pertinent, notre projet éducatif doit s’appuyer sur nos valeurs fondatrices que nous allons détailler si dessous.
Très bonne lecture à toutes et à tous.
PRESENTATION DE LA STRUCTURE :
La crèche associative « La Marelle Enchantée » est régie par l’association du même nom, loi 1901. La structure a été créée le 26 janvier 1990 à l’initiative de parents. Elle est située sur la commune de Montagnac-Montpezat.
La crèche est ouverte du lundi au vendredi de 8h à 18h.
Elle accueille à la journée 16 enfants de 6 semaines à 6 ans. Ce qui représente une trentaine de familles sur l’année, qui proviennent des 6 communes environnantes.
Composition de l’équipe :
• Une éducatrice de jeunes enfants, directrice de la structure
• Deux co-responsables, auxiliaires de puériculture ou CAP Petite Enfance
• Trois animatrices
• Une apprentie CAP accompagnement éducatif petite enfance ou éducatrice de jeunes enfants
LES VALEURS EDUCATIVES VEHICULEES PAR L’EQUIPE
La crèche est un lieu d’accueil du jeune enfant qui ne doit plus être perçu ou considéré comme un simple mode de garde. C’est avant tout un lieu de vie, ayant des fonctions éducatives où chaque enfant doit être considéré comme un individu à part entière. Pendant le temps d’accueil de l’enfant, l’équipe a un rôle primordial dans la construction de l’humanité à venir. Le projet éducatif traduit par écrit une vision globale des pratiques professionnelles.
C’est un document qui va vous permettre de comprendre les 5 valeurs sur lesquelles l’équipe s’appuie pour permettre à l’enfant de devenir un individu libre qui pourra faire ses propres choix et réfléchir par lui-même. Un individu qui a pu développer l’esprit de curiosité et l’esprit critique. L’équipe souhaiterait également qu’à son entrée à l’école maternelle, l’enfant sache un peu plus qui il est.
Pour cela, l'équipe travaille notamment sur la notion de bientraitance qu'Arnaud DEROO décrit comme « une démarche humaniste dans chaque acte du quotidien vis-à-vis de soi et de l'autre ». Pour ce faire l’équipe travaille sur les attitudes professionnelles incontournables inspirées du livre de Christine SCHUHL « Remédier aux douces violences » qui permettent d'être dans le respect de l'enfant tout au long de la journée. Les professionnelles respectent le rythme de l'enfant et sont à l'écoute de ses besoins.
Le non-jugement : l'enfant est accueilli comme un être à part entière, avec un vécu, avec son histoire. Le non-jugement s’accompagne de la tolérance.
Nous pensons que la société actuelle est exigeante avec l’enfant d’aujourd’hui. Il ne doit pas faire trop de bruit, il doit être beau, propre et performant. Notre objectif est de lui apporter une palette d’expérience pour qu’il sache ce qui l’intéresse ou pas afin qu’il ne soit pas formaté. Nous lui proposons des espaces où il peut s’exprimer, nous n’allons pas le comparer aux autres, ni lui pointer le fait qu’il s’est sali. Dans cette société de l’immédiateté, nous lui laissons le temps de réaliser une expérience jusqu’au bout.
L’accueil d’un enfant, c’est créer pour lui un environnement où il va pouvoir vivre en toute sécurité et trouver ce dont il a besoin au moment où il en a besoin. C’est lui permettre de grandir. Pour cela un enfant a besoin de repères et de lien dans les différentes expériences qu’il est mené à faire. La crèche leur offre des repères de lieu, de temps et de personne.
LES 5 NOTIONS DEVELOPPEES PAR L’EQUIPE EDUCATIVE :
LA RELATION
Nous mettons un point d’honneur à créer un relationnel de qualité au sein de la triangulation parent-enfant-professionnel et d’entretenir cette relation au quotidien.
ENTRE PROFESSIONNEL ET PARENT :
L’objectif d’une relation de qualité et que le parent se sente en confiance, qu’il se permette de communiquer de manière sincère avec l’équipe, qu’il se sente écouté et non jugé, pour être accompagné le plus justement possible dans son rôle de parent, dans le respect de son identité et de son histoire.
Dans la société actuelle, le parent a accès à beaucoup d’informations par les biais des différents médias. Il est souvent en décalage avec l’éducation de ses propres parents. Ce trop-plein d’informations fait que le parent se sent souvent perdu. Notre objectif est qu’il écoute ses propres ressentis et ce que lui montre son enfant. Nous ne sommes pas là pour lui donner un énième conseil. Il est le seul à connaitre aussi bien son enfant.
Si le parent se sent en confiance, il va plus facilement échanger avec l’équipe sur la vie de l’enfant (ce qu’il vit à la maison et ses besoins spécifiques) ce qui permettra à l’équipe de mieux l’accueillir et l’accompagner au sein de la structure. C’est donc une collaboration entre le parent et le professionnel qui se joue pour accueillir et accompagner l’enfant.
L’équipe s’est formée aux différentes techniques de communication, à l’écoute active, à la notion d’empathie et de bienveillance. Le lien est la base de notre travail, nous essayons de créer un lien singulier avec chaque individu dans la structure.
La société actuelle incite les parents par le biais des réseaux sociaux notamment à véhiculer une image de parent parfait. Nous, nous préférons la notion de parents suffisamment bons qui fait comme il peut, là où il en est de son parcours de vie. Nous voulons faire ressentir au parent qu’il ne doit pas se formater à un modèle d’éducation parfaite mais créer une relation authentique à l’écoute de soi et de son enfant.
ENTRE PROFESSIONNEL ET ENFANT :
L’objectif d’une relation de qualité c’est de permettre à l’enfant d’être lui-même et à l’écoute de ses émotions pour mieux les comprendre et les gérer. Pour cela nous essayons de développer dans la relation une sécurité affective qui lui permettra d’être rassuré dans son être intérieur sur le fait que nous sommes là pour l’accompagner de manière sereine et stable dans ses différents apprentissages. Pour lui permettre d’être lui-même, le professionnel adopte une posture bien précise et une juste distance pour ne pas être trop intrusif dans ses découvertes mais jamais très loin s’il a besoin de se rassurer. Pour arriver à trouver cette juste distance, le professionnel doit pouvoir prendre le temps d’observer les situations. Si une situation montre qu’il faut l’intervention de l’adulte, celui-ci va le faire de manière posée et bienveillante. L’adulte va se mettre à la hauteur de l’enfant, poser sa voix, mettre en lien des situations, aménager l’espace et proposer des réponses. Il va avoir une attitude exemplaire car on sait que l’enfant reproduit ce qu’il voit par mimétisme.
Notre objectif professionnel est de ne pas se positionner en rapport de force avec l’enfant, il faut savoir l’accompagner en l’impliquant dans la situation pour qu’il soit acteur et qu’il trouve ses propres solutions. Si un rapport de force s’installe, l’adulte n’est plus à l’écoute de l’enfant, il essaye d’imposer quelque chose, et l’enfant n’est plus à l’écoute de l’adulte car il ne se sent plus écouté. Il n’y parviendra pas si son cerveau est parasité par des angoisses, des conflits avec l’adulte. Nous souhaitons rester d’égal à égal dans une relation d’écoute et de respect.
Nous sommes constamment en relation avec les autres, il faut donc être dans une démarche de connaissance de soi pour arriver à prendre du recul sur notre comportement. Nous devons donc en tant que professionnelles nous écarter de notre propre histoire, de notre propre éducation et de nos préjugés. Ce travail se fait par le biais des échanges entre professionnels qui se posent sans cesse des questions pour s’extraire du quotidien, prendre de la distance afin d’avoir des pratiques professionnelles réfléchies en lien avec la théorie du développement du jeune enfant.
LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION
Pour penser l’autonomie, l’équipe, à partir de son expérience, est partie du constat suivant. Nous sommes dans une société où parfois, l’enfant est hyper protégé et surveillé. On a peur que l’enfant se fasse mal. Trop « couvé » l’enfant afin de lui éviter toute déception, toute difficulté, n’est pas la solution. L’enfant trop « protégé » risque en effet de ne plus vouloir essayer seul, il peut devenir craintif et manquer d’assurance. Il n’aura pas forcément l’envie de s’autonomiser car tout sera fait à sa place. Un adulte qui fait à la place de l’enfant désireux de faire seul lui envoie comme message : « je fais pour toi car tu n’en es pas capable, tu ne vas pas y arriver ». Messages qui rabaissent l’enfant et lui donnent une mauvaise estime de lui-même. Et en même temps l’autonomie est une valeur plébiscitée. Les parents ont souvent hâte que leurs enfants soient autonomes pour des questions pratiques mais aussi parce que nous vivons dans une société qui reconnaît les meilleurs, ceux qui se débrouillent seuls, et de manière de plus en plus précoce. Les enfants sont parfois comparés entre eux « ah, il va déjà au pot ? il s’habille seul ? le mien ne veut jamais, alors qu’ils ont le même âge…etc. ». Chacun évolue à son rythme et « trop demander » à l’enfant risque davantage d’être source de tensions et même de conflits parents - enfants. Car l’autonomie de l’enfant ne se décrète pas, elle s’accompagne, elle est issue d’une initiative de l’enfant et non de l’adulte.
L’étymologie de ce mot est « auto » (soi-même) et « nomos » (loi) : cela nous indique que l’autonomie est la capacité à se donner à soi-même une loi, une règle, et de la respecter par soi-même de façon indépendante. Selon le dictionnaire, « être autonome » c’est la « liberté de se gouverner par ses propres lois sans entamer la liberté d’autrui ».
Ces définitions nous montrent alors que parler d’« autonomie de l’enfant » est bien loin de la réalité. C’est pourquoi nous parlons plutôt en petite enfance de « processus d’autonomisation », car il s’agit en effet d’un processus lent qui est en constante évolution au cours de la vie. L’autonomie comprend différents degrés en fonction de l’âge de l’individu, de ses capacités. Ce processus démarre dès la naissance, lorsque le bébé prend le contrôle de son propre corps. Et il continue tout au long de la vie, au fur et à mesure que l’enfant grandit.
Nous déclinons l’autonomie sous trois formes :
• L’autonomie affective
• L’autonomie motrice
• L’autonomie de penser
L’AUTONOMIE AFFECTIVE
Tout d’abord, l’autonomie est étroitement liée à la sécurité affective, la confiance en soi et en l’estime de soi.
Ainsi, dès la naissance, les interactions positives entre le bébé et ses parents et la réponse à ses besoins sont des éléments favorisant le lien d’attachement. L’attachement fait partie des besoins fondamentaux comme boire et manger. Si l’enfant n’arrive pas à créer ce lien avec un adulte il ne survivra pas. Par exemple, un enfant qui pleure et qui trouve des bras chaleureux pour le rassurer va renforcer la confiance qu’il a en l’adulte, le lien entre eux. Cet attachement et cette confiance lui permettent d’acquérir une sécurité affective qui lui donne la possibilité d’être serein dans son exploration du monde. Car il sait qu’il est protégé et soutenu par ses parents. Il se sent capable d’oser, de faire des essais / erreurs, de faire diverses expériences, se tromper, recommencer, jusqu’à réussir. L’accompagnement de l’adulte dans ces moments-là, sa bienveillance, permettent à l’enfant de renforcer sa confiance en lui et à devenir plus autonome.
L’estime de soi, elle, se bâtit à travers les expériences de l’enfant et le regard que porte l’adulte qui s’occupe de lui. Un enfant soutenu, félicité dans ses actions, développe une perception positive de lui-même. Cela lui permet de prendre conscience de ses forces, de son potentiel, mais aussi de ses faiblesses. L’attention portée à l’enfant et les encouragements sont ainsi des vecteurs d’une bonne estime de soi. La période de 18 mois à 36 mois est d’ailleurs cruciale dans le développement de son autonomie et de son estime de soi. C’est à cet âge que l’enfant commence vraiment à vouloir faire des choses par lui-même. Il est souvent maladroit (car il expérimente) et prend du temps pour améliorer son geste, comprendre ce qu’il fait. C’est à ce moment-là qu’il a besoin des encouragements des adultes, de sentir que ceux-ci croient en lui et lui font confiance. Cela lui permet de renforcer son estime de lui-même et l’encourage à tenter encore et encore jusqu’à y arriver !
Si, au contraire, les difficultés de l’enfant sont critiquées, si l’enfant est « puni » parce qu’il n’y arrive pas ou ne va pas assez vite, s’il sent de l’agacement parce que ce qu’il fait prendre du temps, alors il risque d’être honteux et perdre un peu de confiance en lui. Peut-être n’aurait-il plus envie de s’essayer à faire des choses seul, du moins, pendant un temps.
Ainsi, comme nous venons de le voir, afin de favoriser les initiatives de l’enfant dans ses premiers pas dans l’autonomie, il a besoin de se sentir suffisamment en sécurité, d’avoir confiance en nous et en lui. Le rôle de l’adulte est ainsi essentiel, par la sécurité affective qu’il fournit à l’enfant, mais également par son accompagnement lors des « essais - erreurs » de l’enfant dans sa quête d’autonomie.
L’AUTONOMIE MOTRICE :
A la crèche nous laissons le bébé expérimenter de manière autonome son corps et son environnement. Car sans avoir besoin de l’intervention physique de l’adulte, un enfant suffisamment sécurisé et soutenu par le regard de l’adulte est capable de franchir seul, à sa manière et à son rythme, toutes les étapes de son développement, de la position sur le dos à la marche assurée selon un ordre génétiquement programmé ; et ce pour son plus grand plaisir.
Cette découverte, nous la devons aux observations scientifiques de la pédiatre et psychopédagogue hongroise Emmi Pikler . Laisser à l’enfant une motricité libre comme elle le préconise, c’est lui permettre une totale liberté de mouvement afin qu’il découvre son corps et son environnement, développe une activité spontanée dans le respect de son rythme d’apprentissage. A la clé, une aisance corporelle parfois étonnante, une excellente capacité à évaluer les risques et à se tirer de situations imprévues, une meilleure confiance en lui…
Au quotidien, choisir la motricité libre se traduit simplement par une attitude mûrement réfléchie, un espace et un matériel adaptés à l’enfant. C’est donc à nous de composer l’environnement dans lequel il va pouvoir s’appuyer sur ses propres ressources pour faire par lui-même dès son plus jeune âge. C’est à plat dos sur un tapis ferme mais confortable qu’un nouveau-né sera le plus à même de découvrir le monde qui l’entoure, d’expérimenter ses sensation, son corps. Sa tête est au repos, la cage thoracique à plat dégage ses poumons, ses mains et ses pieds sont mobiles, sa colonne vertébrale n’est pas sollicitée. C’est à la fois le point de départ de ses acquisitions motrices et la position la plus reposante pour lui, à laquelle il reviendra une fois fatigué de ses découvertes. A sa disposition, se trouvent des petits objets simples et légers et les sons et mouvements de la vie quotidienne autour de lui…
Nous n’interrompons pas l’enfant dans son activité spontanée, on n’intervient pas de façon directe. On n’impose ni la stimulation, ni l’enseignement, ni une aide dont l’enfant n’aurait pas besoin et qui pourrait le rendre passif et dépendant de nous. Selon Emmi Pikler, « le seul but des interventions de l’adulte est de maintenir les conditions optimales à l’activité auto-induite des enfants ». Si l’enfant est en difficulté, montre des signes de fatigue ou d’ennui, on cherche à recréer une situation où il retrouvera soit son bien-être, soit son plaisir à être actif. Une phrase phare de Maria Montessori dit d’ailleurs « aide moi à faire seul ».
Par exemple : si en voulant se retourner, le bébé se retrouve un peu coincée, le bras sous sa poitrine et commence à pleurer. Après lui avoir laissé le temps de sortir seule de cette position inconfortable, on va faire le minimum nécessaire pour qu’il retrouve la maîtrise de la situation. Sans le changer de position, sans le tourner sur le ventre ou sur le dos, mais en développant d’autres stratégies pour qu’il fasse seul. On s’interdit aussi de saisir brusquement le bébé par l’arrière sans crier gare, en effet personne n’aime être porté par surprise sans savoir pourquoi, par qui. La place de l’équipe est dans l’observation de ses accomplissements que l’on peut commenter à haute voix, pas tant pour le féliciter mais plutôt pour lui faire prendre conscience de lui-même et de ses capacités.
Plus l’enfant va pouvoir explorer par lui-même, plus il va pouvoir se sentir compétent, développer sa confiance en lui, acquérir une certaine sécurité dans cette liberté qui lui est laissée.
Nous respectons le rythme de ses acquisitions formant ainsi une solide base qui donne à l’enfant une réelle maitrise. C’est pourquoi l’enfant n’est jamais mis dans une situation dont il n’a pas encore le contrôle par lui-même. Au quotidien, c’est donc ne pas mettre l’enfant en position assise avant qu’il ne sache s’y mettre seul, ne pas le hisser en haut du toboggan avant qu’il sache y monter, laisser l’enfant monter l’escalier et franchir les obstacles à sa manière en restant derrière lui pour le sécuriser, ne pas l’aider à marcher en lui tenant les bras en l’air, ou à défaut le plus bas possible etc.
Chacun a son rythme ! Il est difficile de donner des âges pour lesquels les enfants sont censés faire telle ou telle chose tout seul. Il s’agit pour l’adulte d’observer et d’être attentif aux signaux que l’enfant envoie. Les encouragements sont les bienvenus et même recommandés pour que l’enfant continue sur sa lancée ! Toutes nouvelles actions qu’il a effectuées seul lui a demandé beaucoup d’efforts, d’essais / erreurs. Il a mis du temps et maintenant il réussit tout seul. Quelle fierté pour lui de montrer à l’adulte qu’il y arrive ! Les encouragements comme : « Félicitations ! », « Je savais que tu en étais capable ! » augmentent son estime de soi et sa confiance en ses capacités. Il est important aussi de valoriser ses efforts, même si la tâche n’est pas tout à fait réussie. Cela l’incitera à persévérer.
Pour accompagner l’enfant dans son développement, le laisser construire ses capacités propres, on va le soutenir tout particulièrement dans ses temps de soin, de change, de toilette. En prenant le temps d’échanger, de saisir son regard, de lui montrer ce que l’on fait. C’est cette conversation active qui le renforce, le nourrit de sécurité affective et qu’il réutilise après, seul sur son tapis, dans son jeu. C’est pourquoi un moment de soin doit être préservé, ne doit pas être interrompu, même par une collègue pourtant bienveillante.
Les défis physiques permettent à l’enfant de prendre des décisions pour ensuite prendre des risques. Cela n’est pas synonyme de danger mais plutôt de défi ! L’adulte peut inciter l’enfant à bouger et jouer activement en le laissant vivre ses expériences et en évitant d’imposer trop de restrictions. Le rôle de l’adulte est d’essentiellement trouver un équilibre entre le niveau de risque et l’espace laissé à l’enfant afin que celui-ci prenne ses propres décisions. Ainsi, plus l’enfant a la possibilité de prendre des risques, plus il aura confiance en lui et éprouvera le désir de développer ses habiletés motrices et sensorielles. Ceci lui permet d’être de plus en plus autonome.
Nous faisons la distinction entre prise de risques et danger :
• La prise de risque pour l’enfant amène à développer sa confiance en lui et répond à une prise de décision face à un danger.
• Le danger, à proprement parlé, touche à la sécurité physique et affective de l’enfant.
Nous laissons à portée de l’enfant des jeux de défis adaptés à son âge et à sa taille et nous observons le comportement de l’enfant pour intervenir en cas de besoin. Nous encourageons l’enfant et c’est grâce à ça qu’il se sent capable et expérimente. Cependant chacun a ses peurs et les adultes aussi, ainsi lorsqu’un adulte a peur il n’est pas nécessaire de dire « non tu ne montes pas la » à l’enfant mais plutôt de verbaliser à l’enfant, nos émotions, notre peur « je sais que tu en es capable mais ça me fait peur alors je viens près de toi » ou encore en proposant à l’enfant d’autres alternatives comme proposer un parcours de motricité qui répond à ses besoins mais qui est sécurisé quand il a une envie de grimper.
L’AUTONOMIE DE PENSER :
A la crèche nous donnons à l'enfant la possibilité de faire des choix tout au long de la journée cela renforce aussi son estime de lui. Le fait que l’on prenne en considération son avis cela permet également à l’enfant de s’extraire de la masse, du groupe pour être considéré comme un individu unique qui peut s’exprimer. C’est essentiel pour nous qu’il ne s’oublie pas dans le collectif.
Il peut faire des choix réfléchis car nous prenons le temps de lui expliquer chaque situation ce qui lui permet d’anticiper les moments de vie. De plus, nous sommes régulières dans notre façon d’intervenir et nous créons autour de lui des repères spatio-temporels qui le sécurisent.
Par le fait d’assumer ses choix, il voit ce qu’il gagne et ce qu’il perd. Il comprend seul grâce à ses actions l’intérêt des situations. Offrir des choix à l’enfant permet de le responsabiliser, de lui permettre de prendre ses propres décisions (selon son âge et sa compréhension bien sûr !), et de satisfaire son besoin d’autonomie. Cette stratégie est également intéressante lorsque l’enfant est dans sa phase d’opposition (vers deux ans) car elle limite les conflits et lui permet de se sentir entendu. Il est nécessaire cependant que les choix soient limités. Deux choix suffisent en général sinon cela devient trop compliqué pour lui.
Le temps que l’adulte « prend » pour laisser le temps à l’enfant de faire seul est important. Pour aller plus vite, les adultes ont tendance à vouloir faire à la place de l’enfant. Mais lorsque l’enfant désire faire seul et qu’il n’en a pas la possibilité, cela peut déclencher des situations de crises, des refus, des colères. Ce temps « perdu » à désamorcer les tensions prend beaucoup de temps, temps qui aurait pu être utilisé pour accompagner l’enfant dans la tâche qu’il voulait réaliser.
Le manque de temps, est souvent un obstacle à la maison. « Dans le tourbillon du quotidien, les parents sont toujours à la course », explique la psychologue Nadia Gagnier . Pour aller plus vite, ils ont tendance à tout faire à la place de l’enfant. C’est une réaction normale et nous sommes bien conscients que le temps manque parfois aux familles. A la crèche, l’enfant peut s’entrainer (toute la journée s’il le souhaite !) car nous prenons ce temps-là. Les débuts sont toujours longs et demandent beaucoup de patience.
Ce qu’il est important de retenir également, c’est qu’il y a de grandes différences entre les enfants dans l’accès à l’autonomie : différences de priorité, de maturité… Pour chacun, il y a un bon moment, une période assez courte pendant laquelle il peut acquérir une autonomie rapide et facile : il a envie, est d’accord et se sent prêt ! A nous, adultes, de saisir ce « bon moment » !
L’EVEIL PAR L’EXPERIENCE
Dès la naissance, le jeu est primordial pour l'épanouissement sensoriel, psychique et moteur du tout petit. Jouer c’est se construire. Dès ses premiers jours, le bébé est avide de découvrir et de communiquer. Le jeu est essentiel à son bon développement et dans la construction de son individualité et de sa personnalité. Le jeu permet de comprendre le monde extérieur et de traduire ses émotions.
En jouant, il prend progressivement conscience de son corps ; tout est prétexte à explorer, manipuler, toucher… La crèche est un lieu où il peut inventer des jeux variés lui permettant de faire différentes expériences, découvertes et s’ouvrir sur le monde qui l’entoure.
Les bébés, avant le langage, fonctionnent de manière très différente des enfants plus grands. Ils fonctionnent en étant des explorateurs et des chercheurs.
Des explorateurs car ils vont partir à l’aventure dans cet environnement nouveau que l’on va leur proposer et des chercheurs car ils vont tenter de poser des hypothèses, tenter de les valider ou les invalider pour comprendre comment le monde fonctionne. Ils ont besoin d’agir sur le monde. Quand ils partent à l’aventure comme explorateur ce qui est important pour eux c’est de pouvoir être en action.
Par exemple : Les enfants ne font pas toujours les choses comme on aimerait qu’ils les fassent. Très souvent, ils vont préférer monter le toboggan par la rampe et pas par l’escalier. Pour l’adulte qui monte toujours par l’escalier, l’enfant monte donc à l’envers. Mais pourquoi font-ils cela ?
Car c’est plus facile pour eux de monter par la rampe car c’est en pente et ils voient où ils veulent aller c’est à dire en haut. Alors que souvent par les escaliers, il faut traverser plusieurs passages avant de pouvoir glisser sur la rampe. Donc ils essayent de monter par la rampe et ils essayent de contrôler leurs appuis, de savoir comment fonctionnent leur corps et quels appuis ils ont besoin pour pouvoir monter par la rampe. Tout au long de leur développement et du fait de leur expérience, les enfants ont pour habitude d’exercer leur corps. Plus grands ils sont capables, par exemple, de porter des charges lourdes (Ex. vélo, chaises…), de courir, monter une pente, une bute… ainsi pour l’enfant il est plus simple pour lui de s’aider de l’ensemble de son corps pour monter cette pente plutôt que de grimper par les escaliers, chose qu’il n’a pas l’habitude de faire et qu’il a moins expérimenté.
C’est ainsi qu’ils vont faire de nombreux essais sans y arriver du premier coup. Ces nombreux essais vont être très intéressants pour eux, pour comprendre le fonctionnement de leur corps dans l’espace. Le rôle de l’adulte est important dans cette situation. Parfois on voit des adultes asseoir directement les enfants en haut du toboggan car ils voient que les enfants n’y arrivent pas. Cette attitude ne rend pas service aux enfants de notre point de vue, car soit ils se sentent angoissés de se trouver en haut tout d’un coup, soit ils ne prennent pas confiance en eux puisqu’ils ont eu besoin de l’adulte pour pouvoir y arriver. Et cela n’aide pas l’enfant à comprendre comment il peut monter.
Ce qui est le plus intéressant pour l’enfant c’est de pouvoir prendre confiance en lui c’est-à-dire pouvoir y arriver par lui-même. Pour cela il a besoin des adultes pour lui donner confiance, lui dire que oui il va pouvoir y arriver, qu’essayer de grimper par la rampe a un intérêt. Quand il sera arrivé en haut, ce sera une grande victoire pour lui.
A la crèche, nous cherchons à créer un environnement propice à l’apprentissage en observant, en imitant, par la répétition et par l’émotion. En effet, le ressenti émotionnel semble jouer un rôle dans l’apprentissage. Le bébé ressent de fortes émotions qu’il ne sait pas contrôler, il a besoin de se sentir sécurisé par un adulte ou un autre enfant. Lorsqu’une émotion est ainsi ressentie et accompagnée positivement, l’expérience alors vécue par l’enfant fait apprentissage, alors qu’au contraire, les émotions négatives, non accompagnées, inhibent les apprentissages. Les adultes cherchent à tout moment à mettre des mots sur ce que l'enfant vit.
De plus, les professionnels encouragent les enfants à exprimer ce qu'ils ressentent. La verbalisation permet au jeune enfant d’avoir une représentation sécurisante sur les événements abstraits ou incompris. Nous nous mettons à la hauteur de l’enfant pour s’adresser à lui et nous lui parlons doucement et calmement quel que soit son émotion. A aucun moment le professionnel ne doit « crier » sur un enfant.
L’ITINERANCE LUDIQUE
Pour faciliter ces temps de jeux, d’expériences où l’enfant va découvrir par lui-même, nous mettons en place la pédagogie de l’itinérance ludique conçue par Laurence RAMEAU .
Cette pédagogie est basée sur la libre circulation des enfants dans les divers univers qui leur sont proposés. Elle intègre les connaissances actuelles sur la pédagogie du développement. Dans la structure, les espaces et le temps sont organisés avec précision tout au long de la journée. Quel que soit leur âge, les enfants se déplacent librement et peuvent utiliser tous les objets mis à leur disposition. Les membres de l’équipe apportent une sécurité physique et réconfortent si besoin. Pour se concentrer les enfants ont besoin de calme et de savoir que l’adulte n’est pas loin. L’ouverture de nouveaux espaces de découverte avec les jouets mis en scène ponctue la matinée. Les enfants s’inventent leurs propres jeux à partir des objets mis à leur disposition. Tout le monde participe à son niveau et peut aller et venir à sa guise.
Il convient avant tout d’avoir réfléchi à ce que les enfants vont trouver dans chaque lieu dans lequel ils peuvent aller, les espaces proposés doivent être différents, variés, et doivent offrir des possibilités motrices, sensorielles, imitatives, constructives, artistiques, concordantes pour permettre aux enfants de faire des liens. L’équipe a réfléchi à la place de chaque professionnel, à son rôle, à ses interventions.
Nous avons pris l’habitude de ne pas différentier les jeux dit « libres » des jeux dits « dirigés ». Cela sous-entend pour le premier cas que les enfants sont livrés à eux même sans intervention de l’adulte qui est réduit à une surveillance lointaine, qui n’intervient qu’en cas de conflit ou de pleur. Et pour le deuxième cas, c’est un temps de « travail » ou l’adulte intervient dans le jeu puisque c’est lui qui propose aux enfants. Il est aussi plus dirigiste, surtout dans les activités ou des productions doivent être effectuées ou des consignes suivies. Les activités ou jeux dirigés ne servent qu’à rassurer les adultes sur les compétences des enfants ou à valoriser les personnels des crèches auprès des parents en faisant produire par les petits une œuvre qu’ils pourront montrer, preuve de leurs compétences professionnelles. Dans ce cas, l’enfant est utilisé et non respecté dans ce qu’il est vraiment : un explorateur. Pour les tout-petits, le jeu consiste à faire leur propre expérience, à tester leurs propres idées et non celles des adultes.
Être professionnel à La Marelle c’est comprendre cela et s’inspirer de ce que font les enfants dans leurs jeux pour leurs organiser un environnement dans lequel ils vont pouvoir jouer librement et interagir ensemble. Les enfants nous montrent, nous enseignent comment ils apprennent et ce qu’ils apprennent. Il ne faut pas croire que les jeux des bébés sont uniquement des temps de pur plaisir. Si leur motivation pour jouer est bien le plaisir de la découverte, les jeux peuvent aussi être des moments de difficulté car ils sont souvent confrontés à l’échec.
Il n’y a pas de section dans la crèche, les enfants évoluent en libre circulation en fonction de leur ressenti de la journée et de ce qu’ils ont envie de faire sur l’instant. Plusieurs univers sont installés tous les jours et ce sont les enfants qui sont acteurs de ce qu’ils ont envie de faire sur la journée. Les pièces sont ouvertes pour naviguer de jeux en jeux. Dans chaque univers un adulte est toujours présent en retrait, il ne donne aucune instruction mais garde un œil vigilant. Il y a des règles du vivre ensemble pour que les enfants ne se gênent pas les uns les autres et l’adulte est garant de ce cadre. Ainsi les enfants apprennent le fonctionnement du monde, de ses lois, de ses régularités et aussi de ses mystères. Mais ils ne le font pas seuls. La présence des professionnels est indispensable aux tout petits qui jouent sous le regard et à proximité d’adultes disposés à porter de l’attention à leurs actions, leurs émotions, leurs affects. Pendant ces temps de vie, l’enfant va être confronté à l’autre.
L’INTEGRATION A LA VIE EN COLLECTIVITE
La crèche n’est pas un lieu de vie qui socialise comme certains parents peuvent le penser. L’enfant est un être social par essence. L’être humain est programmé pour vivre en société. N’importe quel enfant ira vers l’autre naturellement. D’abord son environnement familial puis les autres enfants. Donc la crèche n’apportera rien à sa socialisation en tant que tel par contre l’enfant qui vient en crèche va vivre une grosse partie de son temps en collectivité. Il va être immergé dans un environnement avec beaucoup d’autres enfants et il ne sait pas encore comment rentrer en communication avec chacun d’eux. L’équipe de la crèche va l’accompagner dans le développement d’un système de communication. Pour un enfant communiquer avec l’adulte est plus évident car l’adulte est plus patient, il fait beaucoup d’efforts pour amener l’enfant à communiquer avec lui. Mais les autres enfants n’ont pas la même patience donc l’enfant accueilli dans une collectivité doit régler toutes ses communications en fonction de son développement du moment et de l’enfant qui a en face.
L’intérêt de la crèche c’est d’utiliser un système de communication qui est en cours d’acquisition et de l’éprouver auprès d’un autre enfant qui n’est pas forcément du même niveau et être obligé de s’adapter. C’est souvent un gros effort pour chaque enfant accueilli car l’enfant de cet âge-là n’a pas encore les capacités de gérer ses différentes palettes d’émotion. C’est pour cela aussi que l’adulte qui travaille à la crèche va se rendre disponible par sa posture afin d’accompagner les interactions comme un médiateur et d’expliquer à chaque enfant ce qui est en train de se produire, ce que l’enfant en face essaie de lui dire et si une émotion trop importante arrive, accompagner cette émotion pour l’enfant qui la ressent et l’enfant d’en face qui la reçoit.
Il arrive fréquemment qu’un enfant n’arrive pas à se faire comprendre par un autre enfant ou par un adulte, une frustration va émerger. De cette frustration va naitre une émotion qui va le submerger, cela peut être de la colère ou de la tristesse par exemple. L’enfant à ce stade n’étant pas capable de se résonner, va faire jaillir cette émotion. Elle peut jaillir physiquement comme par une morsure, une griffure ou un coup porté à l’autre. En cas de grande frustration, l’enfant s’exprime avec l’outil qu’il maîtrise le plus : son corps. Bien souvent, quand il est empreint à une émotion forte, il sollicite spontanément sa main, sa bouche ou son pied, et non de la parole comme on pourrait l’espérer. Ses actes ne sont pas de la méchanceté. Un jeune enfant n’a pas l’intention ni la compréhension de faire mal à l’autre ! Ces manifestations peuvent avoir différentes origines. Comme nous l’avons évoqué précédemment cela peut être la manifestation d’une pulsion mais aussi d’une excitation positive. Cela peut être une manière pour l’enfant de se décharger de ce ressenti, mais aussi de communiquer avec un autre enfant.
Plus la parole va se développer, moins l’enfant aura de gestes agressifs pour s’exprimer ou entrer en communication.
Il faut savoir que de nombreux comportements « inadaptés » du jeune enfant en crèche, comme à la maison, sont le résultat d’un manque d’attention ou de contenance de la part de l’adulte. C’est en partie pour cette raison qu’un enfant se comporte souvent différemment quand un adulte lui accorde toute son attention, à l’occasion d’une observation soutenue et individualisée.
Cette phase est temporaire. Elle peut durer quelques jours comme quelques mois. Celle-ci dépend de nombreux facteurs, dont le développement de l’enfant, sa vie à la maison mais aussi et surtout, de notre propre manière d’accompagner l’enfant et le groupe durant la journée. La collectivité peut être une source de stress importante pour les très jeunes enfants, d’autant plus s’ils sont nombreux à se déplacer dans un même espace et si les professionnels sont eux-mêmes stressés.
Quand une scène de ce type ce produit, que faisons-nous ?
Sur le plan individuel :
Consoler l’enfant qui a été agressé. Prodiguer les soins habituels à l’enfant qui a été mordu, frappé ou griffé tout en mettant des mots sur ses émotions : « Tu pleures car tu as sans doute mal et peut-être même as-tu été surpris(e). C’est normal, tout est arrivé si vite. Je vais maintenant m’occuper de la petite marque sur ton bras ».
On prend le temps d’accompagner l’enfant agresseur. Inutile de le gronder, de l’isoler ou de le forcer à dire pardon. D’autant plus que l’enfant n’est pas encore intellectuellement en mesure de comprendre qu’il a fait mal à l’autre (il ne le sera pas avant 4 ans environ, âge auquel il parvient à se décentrer). On lui rappelle la règle d’or de la vie en collectivité : « tu n’as pas le droit de faire du mal à l’autre tout comme personne n’a le droit de te faire du mal ». Nous faisons attention à bien conserver une posture ferme mais bienveillante quand l’enfant transgresse. Elever la voix ou être nerveuse et agressive ne peut que cultiver la frustration et la tension de l’enfant. Alors que l’enfant a justement besoin d’être apaisé. Si on sent la moutarde nous monter au nez, on passe le relais. Nous gardons en tête que son comportement reste une réaction à un besoin. Notre objectif numéro 1 va donc être de traiter la cause de cette manifestation d’agressivité (c’est-à-dire de répondre aux besoins de l’enfant) plutôt que la conséquence. Dès que le comportement se présente, on prend le temps de nous poser cette question : « que se passe-t-il ? De quoi l’enfant a-t-il besoin ? »
Bien souvent, les enfants nous adressent des signes précurseurs d’inconfort ou de nervosité avant de se mettre à mordre ou à taper un autre enfant. Nous sommes donc vigilants, nous observons beaucoup. Lorsque on sent que l’enfant devient trop excité, trop tendu, trop agité, on lui propose une nouvelle stimulation pour capter son attention et/ou un câlin réconfortant.
Le contact physique bienveillant avec l’adulte permet de l’apaiser, par la sécrétion naturelle et spontanée de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Cet anti-stress naturel va favoriser un sentiment de bien-être chez l’enfant. Nous lui accordons une attention visuelle positive et souriante. Un rapport chaleureux et individuel avec l’adulte permet de ressourcer l’enfant. Quand on le sent trop nerveux, on va lui confier des petites missions : celles-ci vont capter son attention et cultiver une estime positive de lui-même. Comme dit précédemment nous faisons attention à ne pas stigmatiser l’enfant. Nous réalisons une observation fine de l’enfant dans différents contextes (en repas, en jeu libre, à l’accueil, à la sieste…) pour pouvoir échanger en équipe et adopter un regard nuancé et objectif sur cet enfant. Nous employons le « Stop ! » plutôt que le « Non ! ». Tous deux ne provoquent pas la même réaction chez l’adulte et chez l’enfant. Le « Stop » vient stopper un comportement tandis que le « Non » vient instaurer un rapport de force, et ainsi une dynamique plus agressive.
Sur le plan collectif :
Séparer les enfants reste la règle d’or. Plus le nombre d’enfants dans un même espace est important, plus le risque de manifestations d’agressivité s’accroît. Dès que possible, nous ouvrons les portes de la crèche afin de réaliser l’itinérance ludique décrite précédemment pour que les enfants ne soient pas tous au même endroit et qu’ils régulent leurs déplacements. Nous observons les situations et les analysons en réunions d’équipe. Quand un enfant mord, tape, griffe : combien y a-t-il d’enfants dans la pièce ? Combien d’adultes ? Les adultes sont-ils posés au sol, debout ou en mouvement ? Sont-ils réunis dans un même coin ou répartis dans la pièce ? Un point important : l’ambiance est-elle rassurante ou au contraire source de stress ? En fonction de nos observations, nous repensons l’environnement. L’environnement influence considérablement les comportements des enfants.
L’INTERET DU MULTI-AGES.
Nous souhaitons tout de même garder un groupe en multi âge car nous pensons que ce type de groupe avec des âges mélangés et non uniformes favorisent le développement général d’un tout petit, car la présence dans un même lieu d’enfants de divers âges multiplie les occasions d’apprentissage. Ce type de regroupement peut également avoir un effet positif sur le comportement d’un enfant.
Dans un accueil multi-âges, les plus jeunes observent les plus grands et sont portés à les imiter. Ils peuvent par exemple faire des efforts pour demeurer assis et concentrés comme les grands pendant une histoire. Les tout-petits peuvent aussi se mettre plus facilement à aider, à ranger le matériel en voyant faire les plus grands.
Grâce à leurs interactions, petits et grands développent leurs habiletés sociales (ex. : ils apprennent à s’affirmer, à prendre soin des autres, à partager, etc.). De plus, la présence d’enfants plus vieux amène les plus petits à améliorer leur façon de parler afin de pouvoir mieux communiquer avec eux.
Pour les plus grands, ils apprennent à expliquer des choses ou des jeux aux plus jeunes. C’est une source de fierté pour eux de partager ce qu’ils savent. Les grands renforcent ainsi leurs apprentissages en les expliquant. Les plus grands peuvent servir de modèles pour la gestion des émotions. Comme ils comprennent et gèrent un peu mieux leurs émotions, ils peuvent montrer l’exemple aux petits en utilisant des stratégies d’autocontrôle. Par exemple, nommer sa colère en disant à un ami qu’il est fâché ou aller s’asseoir dans un coin calme au lieu de crier lorsqu’il vit une frustration.
Comme les enfants apprennent beaucoup par observation et par imitation, les groupes multi-âges leur offrent l’occasion d’observer des comportements très diversifiés. Les plus grands gagnent de la confiance en servant de modèles aux plus petits. Cela les encourage à faire différentes tâches et à prendre des responsabilités en plus de les rendre plus autonomes. Au contact des plus jeunes, les enfants plus vieux apprennent à mieux percevoir les besoins des autres et à y être plus sensibles. Ils peuvent ensuite en venir à offrir leur aide plus spontanément.
Enfin, les enfants établissent des relations à plus long terme, car ils ne changent pas de groupe ni d’adultes à la fin de l’année. Cette stabilité leur permet de construire des liens solides avec les adultes et les autres enfants.
La crèche doit permettre à chaque enfant de développer sa personnalité en tant qu’individu unique, tout en apprenant le respect de l’autre afin de trouver son équilibre et ainsi trouver sa place dans le groupe.
L’EVEIL A LA NATURE
La nature, c’est ce tout, ce système qui englobe à la fois les paysages, la faune, la flore, les phénomènes naturels, météorologiques, le monde minéral, végétal, aquatique et souterrain.
POURQUOI ACCES NOTRE PROJET EDUCATIF SUR L’EVEIL A LA NATURE ?
La pédagogie par la nature est une pédagogie active, un éveil et des apprentissages par l’expérience vécue, directement par les sens, par l’immersion au quotidien. Les espaces naturels constituent d’excellents outils pédagogiques. Ils offrent de multiples sources de jeux, de découvertes et d’apprentissage en invitant les enfants à manipuler, partager, tâtonner et explorer.
L’OBJECTIF GENERAL :
Nous souhaitons sensibiliser la future génération au respect de son environnement et au développement durable. Le jeune enfant a souvent une empathie et une curiosité pour la nature. L’idée est de profiter de cet émerveillement spontané du petit explorateur pour l’amener à mieux connaitre l’environnement, et donc à protéger la nature. Car c’est en étant régulièrement dans un contact direct et positif à la nature que nous construisons une sensibilité particulière par rapport à l’environnement, que nous sommes plus réceptifs à son respect. Pour cela nous pensons que l’enfant doit être en contact régulier avec la nature afin qu’elle ne soit pas étrangère pour lui. Adulte cela sera plus facile pour lui de la comprendre et de la prendre en compte dans son quotidien. Nous avons la chance de vivre dans un petit village entouré de nature. Nous sortons dans le jardin ou à l’extérieur le plus possible ainsi les enfants découvrent leur environnement naturel. Dans la société actuelle, l’homme s’éloigne de la nature, il privilégie la sécurité au détriment de ce que nous apporte la nature. Ainsi il s’agit pour l’équipe d’accompagner l’enfant dans ce contact pour s’approprier ce milieu sans le négliger. Pour cela nous allons, par exemple, au parc, en forêt, à la ferme, où nous invitons la nature dans la structure.
L’OBJECTIF PROPRE A CHAQUE ENFANT :
L’éveil à la nature réunit toutes les valeurs vues précédemment. En effet l’enfant, accompagné régulièrement dans un milieu naturel, peut faire ses propres expériences. C’est lui qui agit, invente, crée ses activités et développe son imagination. La nature est un endroit pour jouer en groupe, pour communiquer, pour échanger. Elle est également un lieu de contemplation, calme pour profiter, lézarder et observer. L’enfant peut ainsi développer sa créativité, son imaginaire et sa capacité de concentration.
Explorer par le jeu et par le plaisir le monde qui nous entoure, à la fois spontanément et en étant invité et accompagné par les adultes, permet de s’émerveiller de mille choses, des formes, des couleurs, des odeurs, des textures en passant par les émotions et donc d’apprendre, sans s’en rendre compte, à aimer et à respecter notre environnement.
Permettre à l’enfant un contact régulier et positif à la nature, c’est donc aussi l’accompagner à la connexion à quelque chose de plus intégral et riche de sens, qui lui permettra aussi peu à peu de cerner le cycle de la vie de façon claire et compréhensible (la vie, la mort, les changements, …). Tout cela s’observe le plus simplement du monde dans un environnement naturel.
Le contact avec la nature apaise l’enfant en proie à ses émotions négatives, elle lutte contre le stress. Cela permet également à l’enfant de faire des découvertes. Il peut prendre le temps d’explorer et de ce fait développer sa confiance en lui. De plus, étant dans un grand espace (parc, forêt), l’enfant peut d’avantage bouger et faire de l’exercice physique pour voir ce qu’il est capable de faire. Il développe ainsi son autonomie et l’autodiscipline.
L’éveil à la nature se vit par une expérimentation directe : avec le cœur, la main et la tête, comme le préconisait le pédagogue Pestalozzi . C’est à dire découvrir dans la joie, en relation avec les autres et à l’écoute de ses émotions (le cœur) ; dans l’action concrète, l’expérimentation avec ses 5 sens et son corps tout entier (la main) ; dans la compréhension et des savoirs plus abstraits (la tête). Les émotions (le cœur) tiennent une place essentielle dans une éducation à la nature : les neurosciences ont prouvé qu’un apprentissage n’est réellement acquis, profond et durable que s’il se fait dans l’enthousiasme, connecté à nos émotions. La joie de la découverte passe par le jeu libre, l’émerveillement du jeune enfant et l’accompagnement de l’adulte dans le plaisir de la découverte, dans le vécu de ces émotions liées à la découverte de la nature plus que vers des « apprentissages » ...
L’expérimentation par le corps et la main a été évoquée par Maria Montessori qui a mis en lumière l’importance du mouvement, du vécu dans son corps : elle explique que le travail avec la main construit le cerveau, que cet aspect concret rend les apprentissages solides et durables.
LE ROLE DE L’ADULTE :
L’objectif d’une éducation à la nature est vraiment d’accompagner l’enfant à bien se connaître, de l’aider à appréhender ses limites et ses capacités, pour qu’il puisse être acteur de ses découvertes, selon ses envies, besoins et compétences du moment.
Accompagner leur exploration et leur observation, leurs sensations des phénomènes naturels, des rythmes et des saisons, les aide à construire leur conscience du temps, de l’espace, et du vivant dans sa globalité.
Le rôle de l’adulte est alors d’accompagner l’enfant à tenter de résoudre lui-même les problématiques et questionnements que le milieu naturel lui offrira. Comme le préconise la pédagogie Montessori, l’enfant peut choisir librement les activités qui font sens pour lui. Dans une éducation par la nature, l’adulte essaie d’être le moins interventionniste possible : il laisse l’enfant s’immerger, prendre le temps de comprendre, d’apprendre par essais-erreurs, en se trompant, en rectifiant… Une démarche d’éveil à la nature passe le jeu, le plaisir et l’expérimentation, et le partage de valeurs de respect de la nature, qui ne peuvent être transmis que, par l’exemple et l’enthousiasme partagé.
Malgré tout, le rôle de l’adulte est essentiel, guide et accompagnateur dans le milieu naturel, c’est aussi lui qui transmettra le mieux à l’enfant son amour, son respect, son enthousiasme et son émerveillement au sujet de la nature ! L’adulte sera celui qui sécurise, tant au niveau physique (dangers de chute, d’ingestion, d’irritations, etc.), qu’au niveau psychique (il est disponible pour rassurer l’enfant, lui montrer sa confiance, l’encourager, favoriser l’expression de ses émotions, etc.). L’adulte crée une atmosphère favorisant la découverte et l’expérimentation autonome, tout en se rendant disponible pour en éveiller les intérêts et accompagner la curiosité naturelle du jeune enfant.
UNE PEDAGOGIE DE ET PAR LA NATURE :
Dans une éducation à la nature, les découvertes sont cycliques, car calées sur les cycles de la nature, les saisons, et surtout là où la curiosité de l’enfant va nous mener ! Pas de réel objectif d’apprentissage avant 3 ans, l’objectif est vraiment de favoriser des expériences sensorielles, ludiques et positives avec la nature de proximité. Ces expériences en nature visent tant une pédagogie DE la nature (apprendre à connaître la faune et la flore) que PAR la nature (faire des apprentissages, par exemple les couleurs ; le langage ; la motricité, la créativité... : autant de belles compétences développées lors du contact avec l’environnement naturel !)
Éveiller la nouvelle génération à la nature est essentiel pour le développement harmonieux du jeune enfant, et aussi l’avenir de notre planète : reconnecter l’humain à son environnement est devenu un réel enjeu de société. En tant que professionnels de la petite enfance nous pouvons, nous devons même l’intégrer à notre accompagnement quotidien du jeune enfant et de sa famille.
CONCLUSION :
Les connaissances sur le développement du très jeune enfant ont énormément évolué ces 30 dernières années. Ce projet éducatif est le fruit d’une longue réflexion pédagogique pluridisciplinaire et s’appuie sur nos observations quotidiennes. Il est pensé du point de vue de l’intérêt de l’enfant et fondé sur notre expérience et les travaux de pédagogues ou scientifiques reconnus. Il traduit les valeurs à l’origine de nos pratiques et notre exigence de qualité. Il sert de cadre de travail à chaque professionnel.
D’un point de vue pragmatique, nous avons souhaité illustrer nos idées par des exemples précis et concrets, à l’image de notre action, pour que ce projet éducatif soit un précieux outil à l’attention des professionnels qui choisissent de travailler à La Marelle enchantée, de comprendre et partager nos valeurs et notre démarche. Nous avons enfin souhaité porter ce projet à la connaissance des familles pour qu’il serve de base à un dialogue riche avec les professionnels afin d’expliciter le sens et l’intérêt de nos pratiques en crèche qui placent le bien-être et le respect de l’enfant au centre de nos actions. Ce sont nos engagements fondamentaux nécessaires au bien-être et au développement des enfants et à l’épanouissement de leur famille. Pour respecter ces engagements, l’équipe est constituée de professionnels spécialisés dans la petite enfance avec des pratiques pédagogiques pensées, testées et sans cesse remises en question pour savoir évoluer et s’adapter à l’unicité des enfants et de leurs proches.
C’est par ce savoir-être et ce savoir-faire que nous souhaitons proposer un bien vivre au sein de notre structure, tout au long des 5 moments phares qui rythment la journée au sein de notre structure : l’accueil, les soins, le repas, le sommeil et le jeu. Ces points sont détaillés dans le projet pédagogique. Ce projet met en lien les 5 valeurs énoncées dans ce projet éducatif dans ces 5 moments à la crèche.
La Marelle Enchantée a pour volonté d’être un lieu dans lequel les enfants et leur famille pourront s’épanouir ainsi qu’un lieu à l’écoute, professionnel et convivial, dans lequel nos équipes professionnelles pourront remplir leur mission en toute sérénité.